lundi 28 août 2017

24h du Mans vélo 2017: fighting till the end!

On pourra dire que le niveau de cette nouvelle édition des 24h du Mans vélo est encore monté d’un cran!
Inscrits en équipe mixte à 8, on pensait y participer en mode loisir, sans se mettre réellement d’objectif.
Par contre on s’était quand même bien entraînés, histoire de profiter au maximum de la course, qui est unique en son genre.

Retour sur notre week-end palpitant:
Nous arrivons au camping du Houx vendredi en fin d’après-midi, sous 30°C.
C’est encore plus rempli que les deux années précédentes et on déniche finalement un emplacement pour notre team.
Nos co-équipiers arrivent peu après dans la soirée:
- Cédric Kermorgant, que j’appelle notre leader, très bon routier et fin tacticien
- Hadrien Curaso le grimpeur, remplaçant de dernière minute, lui aussi routier en 3ème catégorie
- Emeline Gaultier, spécialiste de cyclo-cross, passée aussi au triathlon
- Guillaume Dréan, triathlète, puissant sur la route
- Nos copains franc-comtois: Coralie Redelsperger, excellente vététiste, championne de France de Tri-cross et David Contant, à l’aise partout, super vététiste et triathlète lui aussi


Nous avons aussi emmené notre « grande » Anaëlle, qui rêvait de vivre cette expérience avec nous, de rouler sur le mythique circuit Bugatti et qui fera un peu de baby-sitting avec la fille de Guillaume.
Et notre chien de garde: Merlin, l’adorable chien berger australien des franc-comtois!
Tout ce petit monde est ravi de se retrouver ou de faire connaissance; je sens qu’on va avoir une bonne alchimie!
Après une nuit bercée par les runs des motos sur la route avoisinant le circuit, nous voilà prêts à découvrir le circuit.
Nous le connaissons déjà, mais c’est une première pour nos franc-comtois.
David commence d’ailleurs par crever son boyau sur un morceau de verre. Heureusement il en trouvera un autre, pour la modique somme de 30 € après négociations auprès d'un redoutable marchand de boyaux! 😊

Petite photo avec Coco sous l’immanquable pont Dunlop:

 
Les non moins célèbres Mini Redbull:


Ensuite, Anaëlle va participer à une balade sur le circuit avec son papa: il s’agit de « La familiale ». C’est chouette de voir tous ces enfants prendre du plaisir comme les grands!

Notre mini-PFP, toujours aussi fan de Pauline d’ailleurs!


A 11h45 c’est le briefing. On en profite aussi pour déposer quelques affaires dans notre stand.
La chaleur monte, l’ambiance aussi!

15h: après les hymnes nationaux (pas moins de 19 nations participantes, 500 équipes), c’est le grand départ de ces 24h!
Cédric est hyper concentré mais on sait qu’il sera à la hauteur!
Equipe de 8 oblige, nous sommes placés loin sur la grille. Cédric doit donc fournir un effort supplémentaire pour rallier le groupe de tête au plus vite, ce qu’il réussit parfaitement.
Nous avons choisi de le laisser rouler 2h, de manière à rester le plus longtemps possible avec les meilleurs.
Mais pas de bol, ceux-ci sortent au bout d’1h40 environ et n’ayant personne pour surveiller les relais, Cédric continue à tourner et Hadrien ne peut pas prendre la suite.
Il part lui aussi pour 2 heures, très difficiles sous cette chaleur!
Nous sommes bien placés, mais 2 nouvelles équipes mixtes apparaissent dans le classement: le Team Intersport Auron, et le Team Lucho (celui de Luc Alphand).
On va donc devoir batailler sévère! :-)

Ensuite, Guillaume et Philippe carburent fort pour nous remonter vers la 17ème place et 1ers en mixte.
Fin du 1er relais de Phil, de nuit, à plus de 40 km/h!

Crédit photos: Sébastien Delaunay

Il est 23h et grosse pression pour moi afin de ne pas perdre de places ni de temps! 
Par chance, j’attrape un bon groupe dès la sortie de stands; j’embraye immédiatement dans leurs roues pour monter la côte Dunlop « au chaud », bien que les températures soient maintenant très agréables.
Cela me fait drôle de réaliser mon premier relais de nuit! Il me faut un tour pour retrouver les repères, pencher le vélo et pédaler dans les virages, ne pas les prendre trop large, me concentrer sur les roues devant dans lesquelles je dois impérativement rester…
C’est toujours aussi impressionnant de voir les ombres s’allonger sur le sol, d’être envahi par la pénombre une fois la grande descente passée, de pencher son vélo à gauche puis à droite dans le grand S et de s’engager dans l’immense ligne droite d’arrivée en file indienne!
Très vite le plaisir prend le pas sur l’effort: c’est tellement magique de rouler sur un bitume aussi lisse qu’un billard, au milieu de cyclistes tous aussi passionnés les uns que les autres, que j’en oublie le rythme assez intense, les relances en sortie de virage, et les jambes qui piquent un peu dans la bosse Dunlop.
J’aime la monter assise pour garder du jus puis relancer dans la descente, et une remarque d’un gars derrière me fait sourire: « elle envoie la gamine devant! » Ils ne m’ont vue que de dos! 😄
A certains moments je me retrouve en tête sans personne pour passer devant: quelle bande de fainéants! 😉
A minuit, je quitte le parcours, enchantée, avec un best lap à 5mn58 (42,6 km/h), pour laisser la place à David, tellement excité de s’y mettre qu’il galère à mettre la puce à la cheville.


Coralie joue la paparazzi avec sa GoPro et je m’extasie sur ce circuit tellement féérique en nocturne, avant de faire un petit coucou au talentueux photographe Sébastien Delaunay, qui accompagne les finistériens du Team Raleigh!

Nuit magique!



Après ce baptême du feu, David passe le relais à Coralie qui roule fort et s’amuse comme sur un circuit de karting!
Nous sommes satisfaits car on n’a pas perdu beaucoup de temps et David, qui a accroché le groupe de tête de course, a compensé nos temps féminins.
Ensuite, nous commettons une première erreur: comme Guillaume a roulé 2h précédemment, la courageuse Emeline se sent d’attaque pour faire de même en pleine nuit. Mais en plus de la fatigue, c’est extrêmement difficile pour une fille d’en faire autant d’un coup (au passage, chapeau bas à tous les solos et duos de ces 24h, ils sont incroyables!).
Comme nous n’avons personne, hors course, qui puisse nous aider niveau communication et intendance, impossible de savoir jusqu’où elle tiendra cet effort!
Je retourne au camping-car pour essayer de somnoler un peu.

Phil ayant senti que ce serait trop, arrive en avance pour relayer Emeline, épuisée après 1h20 d’effort pour la plupart en solitaire, n’ayant pas pu trouver réellement de groupe à son rythme: pas cool!
En attendant, on a rétrogradé quelques places et nous sommes repassés à la 2ème place en mixte.
Ensuite, c’est à mon tour de faire une faute: au lieu d’attendre en avance sur la ligne de relais, je passe trop de temps sur le home-trainer, ayant oublié que Phil avait roulé plus que prévu.
A 4h58 il arrive, et je ne suis pas prête!
Enfin je l’étais quasiment, mais dans la panique je le laisse repartir pour un tour, ce qui nous fait perdre un temps précieux.
Je sens que je vais me faire sermonner à son retour! 😢
Enfin c’est parti pour moi à 5h05, remontée comme une pendule pour tenter de limiter la casse…
J’ai à nouveau de la chance si l’on peut dire, car je me retrouve rapidement dans un peloton conséquent qui m’emporte dans son sillage. Je n’ai plus qu’à prendre les roues et me laisser porter par la vague: j’adore!
Il y a quand même des efforts à fournir: la bosse bien entendu qui fait mal aux jambes mais surtout les relances à la limite du sprint que je dois faire en sortie de virages pour ne pas perdre le contact.
Je passe le relais à Hadrien au bout de 45 mn (nous avons réduit les relais des filles pour essayer de rattraper le temps perdu).
De retour au campement, je suis envahie de fatigue et m’endors pour 1h30 environ, réveillée par le tonitruant speaker accompagné d’un terrible écho, qui annonce au moins 10 fois de suite que les coureurs les plus rapides doivent cesser de dépasser n’importe comment les plus lents, sous peine de pénalités.
Je prends un petit déjeuner avec Anaëlle qui s’occupe super bien de la petite Faustine.
Il commence déjà à faire chaud, très chaud!
Par chance, on a échappé aux orages.
Phil va sortir Merlin et le faire boire.
Il n’est pas content de notre passage de relais raté à 4h58. On se dispute même entre 4h58 et 4h59! :-)
Nous sommes tous un peu moroses d’avoir mal joué cette nuit et perdu notre première place.
Mais nous devons garder le cap et nous battre jusqu’au bout!
D’ailleurs, nous remontons progressivement grâce à Cédric, David et Guillaume; on est revenus à 1 tour de l’équipe Intersport n°803 qui nous devance en Mixte.
Mais ceux-ci ont bien repéré notre numéro de dossard et nous surveillent de près: ils sont synchros avec nous sur les entrées/sorties du circuit, et contrôlent leur avance.

Dernier relais pour Phil!



12h: il fait 30°C et c’est mon ultime relais.
J’ai fait du home-trainer sans trop forcer, me vidant de l’eau sur la tête.
On sait maintenant que c’est mort pour la 1ère place.
Plutôt que d’être défaitistes, nous préférons adopter une attitude positive: le plaisir avant tout, pour finir sans regrets ces 24h.
Emeline m’annonce qu’elle vient de rouler avec un concurrent de l’équipe Intersport, et que donc le relayeur suivant risque de m’accrocher.
Me voilà partie, un peu esseulée dans la côte Dunlop, puis on forme un petit groupe, quand je vois un grand costaud me passer devant en criant « allez, jusqu’au bout !»: dossard 803, c’est bien l’équipe que l’on talonne!
Du coup, son objectif est de nous mettre un tour de plus.
Je me colle dans sa roue et ne le lâche plus; il n’arrête pas de se retourner mais il a du mal à se débarrasser de moi! 😃
Il est plus fort et je ne peux lui passer aucun relais, étant déjà au seuil niveau cardio.
On grimpe le Dunlop; il essaie à plusieurs reprises de me faire sauter, sans succès pour l’instant.
Roulant toujours à un rythme élevé (je me demande combien de temps je vais tenir ainsi), on rattrape un groupe qui se joint à nous.

 
Mister 803 lance alors des attaques en haut du Dunlop mais les collègues derrière ont bien compris que je cherche à le suivre et comme je vais lâcher, j’ai le droit à une petite poussette par un concurrent au dossard 812, pour basculer plus vite: trop sympa!
Mais Mister 803 n’abandonne pas et attaque à nouveau: il creuse un écart tout seul et le groupe ne bouche pas le trou.
Là, il se passe une chose étrange: alors que je n’ai rien demandé, l’altruiste dossard 812 qui a dû lire dans mes pensées, fait le geste pour organiser un relais sans un mot (d’autant qu’on a des néerlandais avec nous) et tenter de rattraper le fuyard! Je trouve ça excellent et m’amuse à ce petit jeu. On finit par rentrer sur Mister 803 mais là, ça commence à rouler vraiment fort avec tout le monde qui force dans la côte Dunlop; mon cardio explose et une cassure se crée. Dommage… Je roule ensuite dans un petit groupe pendant 2 tours avant de sortir, mais j’ai vraiment apprécié le scénario de pourchasse!

 
En marge des résultats de l’équipe, je suis vraiment ravie d’avoir vécu ces 3 relais différents et pourtant tous jubilatoires. C’est comme ça qu’on aime le vélo!
Je m’étais demandé ce que cette 3ème participation m’apporterait de plus, et bien tout ce que je peux dire, c’est que j’ai encore appris, du point de vue sportif, humain, tactique de course, avec encore de belles émotions comme on en vit que dans le sport de compétition.
Hadrien, Guillaume et David mettent toutes leurs forces pour continuer de revenir sur le Team Intersport, mais on sait que c’est peine perdue.
Notre Coco termine magnifiquement ces 24h avec un excellent relais, ayant même dû sprinter pour la 32ème place au scratch pour l’arrivée!
Elle en a les larmes aux yeux tellement l’émotion est forte!
Nous finissons donc 2èmes en équipe mixte, à seulement 4mn de la 1ère, dans le même tour.
On aurait aimé gagner mais on a réellement vécu une bien belle expérience et nous savons qu’il y a plein de choses à améliorer au niveau stratégie pour réussir à grimper en haut du podium.
Bravo au Team S1NEO qui remporte pour la 3ème fois cette épreuve!

Merci beaucoup à notre équipe, soudée jusqu’au bout: on n’a rien lâché, on a pris du plaisir et on reviendra, sans doute mieux entourés et organisés!
Merci également à l’organisation vraiment au top, aux autres concurrents pour leur fair-play, à Sébastien Delaunay pour ses splendides photos!
Sans oublier Stéphane Gourmelon et ses plans d’entraînement au top qui nous ont permis Phil et moi d’arriver en forme pour ces 24h!