mercredi 8 avril 2020

Ma vie de cycliste confinée: du virtuel au réel

Cela fait bien longtemps que je n’avais pas écrit de billets, les réseaux sociaux étant un vecteur de communication plus accessible et facile pour donner des nouvelles.
Mais j’avais envie de parler de mon ressenti sur cette période tellement particulière, qui nous force à nous recentrer sur l’essentiel.

Je ne sais pas s’il s’agit de simples intuitions ou de quelque chose de plus fort, mais dès le mois de janvier, Philippe avait déclaré ne pas vouloir se fixer d’objectif de compétition en 2020, ne pas réserver de vacances pour cet été, ne rien planifier. Ce n’est pas la première fois qu’il pressent des évènements à l’avance. Il devrait offrir ses services au gouvernement, bien dépassé actuellement! 😐

Au début du confinement, j’étais révoltée contre les incivilités de la population, l’impuissance des autorités face au nombre de victimes du Covid-19, toujours croissant, le manque de matériel pour les soignants, le fait qu’on ne puisse pas être testé à grande échelle, le fait qu’on laisse les gens mourir faute de traitement ou de place en réanimation…
J’étais aussi très anxieuse à cause du matraquage médiatique, des fake news. J’ai définitivement banni de ma vie BMFTV et consorts.
Puis j’ai compris que la colère, la peur, nous rendent vulnérables. Pour avoir un système immunitaire fort, il faut être confiant, positif, et chercher des solutions.

Au fil des jours, on a aussi trouvé notre rythme à la maison: oui, tout est plus simple, du moins dans notre cas, surtout que nous avons l’opportunité de pouvoir poursuivre le travail.
On a dû s’organiser, comme tout le monde. La première semaine a été chaotique entre la mise en place des priorités, à savoir le télétravail, l’école, la logistique pour les repas mais aussi le ravitaillement hebdomadaire, le fait de s’improviser professeur et de devoir y consacrer du temps.
Puis on a réalisé combien nous avions de la chance, d’être chez nous, dans un environnement agréable, confortable, avec un grand jardin et un cadre de rêve à proximité. On consomme local, on fait marcher quelques petits commerces de proximité et on s’extasie devant les plants qui poussent dans notre potager. 🍀
Pour garder le lien social avec la famille, nos amis, nos collègues, on bénéficie du précieux réseau Internet tout aussi important que celui d’EDF en ce moment.
N’étant pas coutumiers du télétravail, on s’est chacun aménagé un espace bureau avec vue sur le jardin, pour lever de temps en temps les yeux des écrans.
On a aussi décidé de conserver nos activités de loisirs autant que possible: danse 2 fois par semaine, footings dans un rayon de 1 km, gym, rameur, et renforcement musculaire tous les jours, éducation et promenade de notre adorable chien Pango (un chow-chow qui est entré dans notre vie, il y a 5 mois), ce qui nous donne un prétexte pour de petites sorties à l’extérieur et des jeux d'éducation grâce à Elisabeth de La Récréachien Lannion, qui nous propose des exercices au top même pendant le confinement! Un grand merci à elle! 👍…

Un copain de séance:


Et le vélo dans tout ça? Comme beaucoup de cyclistes, nous avons jeté notre dévolu sur le home-trainer.
Cela n’a pas trop changé nos habitudes car on avait l’habitude de pratiquer en indoor au moins 2 fois par semaine en temps normal.
Néanmoins, je ne sais pas pourquoi je suis à contre-courant, mais la plateforme Zwift ne m'a pas du tout convaincue.
Cela me déplaît de rouler dans cet univers virtuel, peuplé d’avatars qui ne me motivent pas plus que cela à appuyer sur les pédales.
Je n’ai jamais été attirée par les jeux vidéo et c’est peut-être aussi pour cela que je n’adhère pas au concept.
A chaque fois c’est pareil, au bout d’un moment je ne regarde plus le paysage qui défile devant moi, mais le vrai, le réel que j’aperçois depuis mon garage: le printemps dans toute sa splendeur avec les fleurs, les couleurs; c’est ça qui me fait du bien!



J’ai essayé également le mode course lors d’évènements Zwift, mais quand on a prévu de rouler cool, c’est impossible de suivre et je trouve que les sensations ne sont pas réalistes.
Il y aussi le problème des capteurs de puissance, tous différents (exemple: mon Powertap affiche de manière constante 10 watts de moins que le Computrainer de notre coach); ou encore le fait qu’on soit classé en fonction de notre rapport poids/puissance: en étant à moins de 45 kg, mon poids s’affiche en rouge comme si ce n’était pas normal. 😅
Avec mon home-trainer classique, je n’ai pas non plus le logiciel qui contrôle la résistance, ce qui enlève un peu de réalisme.
En revanche, Phil possède un Tacx Neo Smart connecté, mais lui non plus n’a pas du tout accroché malgré l'adaptation automatique au pourcentage de pente ou le phénomène d'aspiration.
Il faut aussi prévoir un certain budget (15 € par mois) une fois la période d’essai de 7 jours terminée.
On peut toutefois saluer la performance logicielle derrière Zwift car c’est quand même relativement bien conçu.
Pourtant nous sommes tous les deux en permanence immergés dans la technique de part nos métiers.
Peut-être aussi qu’à passer autant d’heures derrière nos écrans, nous n’avons pas envie de replonger dans un monde parallèle, où le jour se lève et le soleil se couche en une séance, où ce qui défile devant nos yeux n’apporte finalement pas grand-chose. Et non, on n’est pas joueurs! Watopia, ce n’est pas pour nous. 🙈
Donc,  j’ai vite compris que cette formule ne me convenait pas pour m'entraîner, et que je l'utiliserai uniquement pour les séances de récupération ou d'endurance, histoire de faire passer le temps.

Heureusement pour nous, notre coach finistérien Stéphane, ne nous a pas lâchés!
Déjà propriétaire d’un studio d’entraînement à Brest où il propose des séances collectives de home-trainer connecté, il a eu l’idée d’étendre sa solution en mode visio (Zoom) à tous les cyclistes confinés désirant s’entraîner vraiment, plutôt que de ne rien faire ou de s’ennuyer.
Ces entraînements ont été baptisés: CompuWorkout-Covid-19




Au début nous étions 4, puis une dizaine, puis 20, 40 et maintenant plus de 60 en terme de connexions simultanées, sachant que certains (comme nous) pédalons en duo voire en trio car il y a des familles très sportives!


L’avantage, c’est que chacun pédale à son rythme et doit juste gérer son effort selon l’intensité demandée, en se basant, soi sur son cardio, ou mieux sur ses watts.
Dans tous les cas, un simple home-trainer, une ceinture cardio et une connexion Internet suffisent.
Depuis 3 semaines, nous enchaînons donc des séances très spécifiques pour développer les différentes zones de travail: l’endurance, la force, le seuil et la PMA.
Pourquoi j’y vois un intérêt et j’y trouve mon compte? Parce que je ne suis pas seule devant mon écran, mon Garmin avec toutes ces données…
Il y a un but: réussir la séance, être fier de ce qu’on a accompli et surtout on ressent cette force collective qui nous pousse à nous dépasser, exactement comme en compétition, sauf qu’ici, l’adversaire c’est nous-même.
Stéphane nous explique à chaque fois pourquoi on réalise cette séance, les grands principes de l’entraînement, la physiologie, et… tout plein d’anecdotes cyclistes! 😀
Personnellement, entendre juste sa voix me suffit, mais on peut aussi apprécier de regarder la visio avec tous les collègues sur leurs home-trainers, certains à l'intérieur, d’autres sur leur terrasse. Une chose est sûre: tous ont la banane en fin de séance, avec le sentiment de s’être surpassé.
Un véritable échappatoire avant de retourner à nos tâches quotidiennes, au télétravail dans notre cas.
Mine de rien, j’en suis à 10h d’entraînement par semaine, sans compter la PPG, la danse ou la marche à pied.

Merci Stéphane! 🙏

Pour garder le contact avec notre discipline favorite, à savoir le VTT, on s’amuse aussi dans le jardin, pour travailler la technique: le bunny-up, le sur-place, l’équilibre, le tout sans prendre de risque évidemment.
Je prends aussi un plaisir fou à aller courir dans la nature sur les petits chemins vallonnés derrière chez nous, en particulier au lever du jour: je parviens enfin à fouler le sol en pleine conscience. Je ressens tout plus fort: les odeurs printanières, la beauté du paysage, le chant des oiseaux qui s’en donnent à coeur joie, la sensation d’impact sur le terrain.
La nature reprend ses droits. C’est une évidence. J’espère que cela sera une prise de conscience pour chacun: consommer moins mais mieux, réduire ses déchets, ne pas polluer, être plus solidaire, renouer le contact avec cette nature, bien plus forte que nous.

Oui, je vis ce confinement comme un retour aux sources, même si je pense très souvent à celles et ceux qui sont au front, à aider les autres ou à tenter de guérir, ainsi qu’aux professionnels à l’arrêt qui risquent de perdre leur emploi. On n’a certes pas tous les mêmes conditions de confinement, notamment lorsqu’on se retrouve coincé en appartement avec des enfants, mais cela n’empêche pas d’aller s’aérer.
Moins de contraintes horaires, plus de temps en famille, avec nos animaux, des moments pour soi...

Prenez bien soin de vous et de vos proches, restez chez vous au maximum, vivez l’instant présent. 💚