On arrive sur place dès le mercredi, sous un crachin tenace, afin de reconnaître le circuit final.
On peut dire que c'est du costaud, d'autant plus avec l'humidité qui rend les racines glissantes, sans oublier le fameux Rock Garden qui se grimpe cette année, plus difficile quand il est trempé.
J'ai une peur bleue de la descente du grand rocher, pas le rocher en lui-même, mais la suite avec un saut artificiel.
Du coup, je prends l'échappatoire à gauche, même si on perd 3-4 secondes.
Je réalise que je n'ai pas encore complètement "digéré" ma chute de Vallnord: les images reviennent en boucle dans ma tête, qui me fait toujours mal d'ailleurs.
Mais l'objectif est aussi de regagner de la confiance, même si ce parcours est vraiment technique: cela évite de rester à gamberger et à douter. Je ne veux avoir aucun regret.
Le très sympathique Chris Milliau, master au Team Pro Fermetures, me donne des conseils et propose aussi qu'on revienne un jour travailler les descentes et techniques de franchissement sur ce site de Ploeuc.
Durant la reco, on rencontre Adrien Milin, le champion espoir finistérien. Phil lui propose de tester le Scott Spark sur un tour et.... il adore!
Et oui, vue la configuration accidentée du terrain, la suspension arrière apporte beaucoup.
En fin d'après-midi, on s'installe dans le champ réservé aux camping-cars, qui est par contre relativement éloigné du site de départ. Le seul avantage est qu'on sera au calme, si les vaches daignent se taire. 🐄
Le lendemain matin, il fait toujours gris et ça se lève doucement.
On monte à vélo récupérer nos dossards. C'est encore calme à la côte de Halles mais on sent la pression monter!
L'après-midi, on retourne sur le circuit qui a dû sécher par rapport à la veille: en effet, la poussière a fait son retour et, plus ennuyeux, la terre est hyper meuble dans les descentes qui deviennent franchement tendues!
Phil est plus à l'aise que moi et me montre les trajectoires, même en côte raide, où un mauvais choix peut vite amener à la faute.
Je me sens vraiment fatiguée sans doute à cause des maux de tête qui depuis la chute persistent...
En fin de journée, les épreuves de XCE ont lieu au bourg de Ploeuc: on pense bien aux bretons, dont Anaïs du Team Pro Fermetures, mais malheureusement elle fera une chute qui lui coûtera la finale.
Les lauréats semblent amusés de recevoir des sacs de patates en cadeaux, mais Ploeuc est bien le pays de la pomme de terre! 😋
Vendredi matin, on monte sur le site de départ: c'est l'effervescence en attendant le prochain départ du relais des Comités, sorte de championnat de France par équipe.
On retrouve JY Rannou, déçu d'être placé en fond de grille chez les Masters, malgré son titre de champion de Bretagne: et oui, pour espérer une place devant, il faut s'aligner au préalable sur toutes les coupes de France et y faire un bon résultat!
Même "punition" pour Phil qui partira en dernière ligne (150 coureurs en 30-49 ans!).
On découvre aussi que les courses seront assez longues: 4 tours pour Phil; 3,5 pour moi.
On va à pied regarder si les descentes aux alentours n'ont pas trop bougé: mais on ne peut que constater que le terrain est complètement défoncé par endroits, avec des énormes racines qui ressortent (risque de se prendre les pédales dedans), et de la terre tellement meuble qu'on dirait de la poudreuse...
Certains passages qui paraissaient simples hier, sont devenus redoutables aujourd'hui!
D'ailleurs dans cette descente, une jeune coureuse fait un spectaculaire "soleil" heureusement sans gravité, qui me donne des frissons dans le dos tellement elle me rappelle ma propre chute... 😓
Ensuite on est contents de retrouver nos copains de Rodez, Pauline Sabin-Teyssèdre et Matthias, qui viennent en découdre également.
13h15: c'est le coup d'envoi de ces championnats XCO avec les relais des Comités!
Ayant su saisir leur chance, l'équipe de Bretagne fait une superbe course et termine sur la 3ème marche du podium!
Bravo à Anaïs, Betty, Louison, Antoine et Ronan!
14h45: c'est le départ pour nos Masters de 30 à 49 ans!
Ils sont 150, c'est impressionnant! Phil est en dernière ligne.
Je me rends ensuite à la zone technique, où je rencontre Hervé Prud'homme, qui a dû déclarer forfait suite à une mauvaise chute lui aussi à la dernière coupe de France de Lons: il propose de faire un peu l'assistance à Phil; trop sympa!
En effet, je dois déjà aller me préparer pour ma course.
Depuis mon home-trainer, j'écoute le speaker Eric Davaine donner les informations sur les positions des uns et des autres: sans surprise, Laurent Spiesser est largement en tête, mais notre breton Eric Pommelet peut également gagner dans sa catégorie!
Quand j'entends la sirène des secours, j'ai le cœur qui fait des bonds, espérant que rien de grave ne soit arrivé.
Mais Phil se débrouille comme un chef, remontant près de 75 places pour terminer 15ème de sa catégorie: un exploit quand on voit l'état du circuit et la quantité de coureurs. Il a été excellent dans les côtes et retrouvé ses bonnes jambes! Fière de lui!
Crédit Photo: Olivier Louarn
Romuald est bien placé aussi, mais rétrograde un peu sur la fin; et c'est une belle surprise pour Jacky, qui, grâce à sa technique hors pair, accède à la 3ème place Masters2! Trop contente pour lui...
Le champion du jour, c'est Eric, qui remporte ce magnifique maillot bleu-blanc-rouge en Master4 avec son Scott Spark: quelle classe et quelle préparation minutieuse pour en arriver là! Depuis janvier, il n'a rien laissé au hasard: travail et talent ont payé!
Crédit photo: FFC
Comme l'an dernier, les dames partent derrière les hommes (50 ans et plus) mais en même temps.
L'avantage à Montgenèvre est que le circuit débutait par une longue côte de plusieurs minutes, permettant de décanter et de lisser la répartition des coureurs, sans se renter dedans.
Ici, c'est une autre affaire...
On nous annonce qu'une descente a été modifiée, l'autre trajectoire étant devenue impraticable; ça promet!
16h30: Eric Davaine a chauffé l'ambiance; on peut y aller!
Je fais un mauvais départ et me retrouve très vite bloquée par un mur de gars devant moi qui s'écroule à terre dès le 2ème virage. Tout le monde s'arrête, puis repart.
Quelques filles ont réussi à se faufiler devant et sont déjà loin.
On entame la première descente en singletrack et là c'est l'enfer: à moitié à pied, à moitié à vélo, comme prévu c'est un bouchon dans un énorme nuage de poussière...
Je suis un peu en panique, ayant conscience que je suis vraiment mal placée, mais dès que ça s'élargit et qu'on peu enfin doubler, ça va mieux.
Je me fais néanmoins gêner à maintes reprises par les coureurs qui posent pied à terre. C'est vraiment difficile à gérer.
Une fois le pierrier passé, j'ai toujours du monde devant et derrière. Je roule un bon moment avec Laura Joubert et Pauline.
Après ce premier "demi-tour" nous nous suivons dans le singletrack descendant. Je passe devant dans la côte avant la descente du grand rocher: je descends lentement par ma trajectoire habituelle et pas très propre sur la fin. Dur dur dans cette poudreuse...
Peu après je m'aperçois que Pauline ne me suit plus; j'espère qu'elle ne s'est pas fait mal.
Elle revient peu après avec Laura, ayant en fait chuté et certaines de ses vitesses ne passent plus: terrible pour grimper le col des Fougères!
On échange de place au sommet puis Pauline me redouble un peu plus loin.
Pauline à l'assaut du Col des Fougères!
Crédit Photo:FFC
Je commence à entrer enfin dans la course, maintenant que cela s'est décanté.
Au passage sur la ligne, je suis toujours derrière Laura, et je n'ai aucune idée de ma place.
Il reste 2 tours. C'est long, plus long que d'habitude.
Alors qu'on vient de franchir la côte la plus difficile (en 3 paliers techniques), je suis Laura dans la descente sinueuse qui nécessite une grande vigilance.
Des "djeun's" nous hurlent dessus, confondant encouragements et perturbations. Je leur crie "Taisez-vous"! C'est vrai quoi: ils nous poussent à la faute! 😒
Ouf, voilà le Col des Fougères. Je monte au train; je me plais dans cette montée et dépasse Laura (toutes les 2 en Scott 😉)
Crédit Photo: Olivier Louarn
Le reste ne se passe pas trop mal, tant que je n'ai personne devant.
Phil m'encourage bien à la zone technique.
Au dernier tour, je commence à être dans le gaz.
Crédit Photo: Olivier Louarn
J'ai du mal à rester concentrée et chute à plusieurs reprises dans la terre, m'énervant toute seule dans ces tranchées...
Je reviens sur Manuella qui semble dans le dur et passe devant; allez, il faut qu'on termine bien!
Maintenant que je n'ai plus personne ni devant ni derrière moi, je me sens beaucoup plus détendue et roule mieux.
Enfin c'est l'arrivée; on est toutes pleines de terre, épuisées! Petit coucou au journaliste Olivier Louarn au passage...
Avec Pauline arrivée un peu avant moi à la 3ème place (et championne dans sa catégorie 👍), on a l'impression de revenir de la guerre! Elle peut à peine marcher suite à sa chute.
Manuella, qui vient d'en terminer, s'écroule au sol victime d'une crampe, en larmes!
Je suis donc 4ème sur 19, 2ème de ma catégorie derrière Stéphanie Chapon qui a super bien roulé et qui remporte le scratch: bravo à elle!
Crédit Photo: Théo Photo 34
Globalement, on ne peut que féliciter le travail colossal réalisé par l'équipe d'organisation (Loïc Bresset, Yannick Tirel, la commune de Ploeuc...).
C'est assez incroyable!
Concernant le circuit, nous avons juste un sentiment mitigé à cause des portions hyper dégradées au fil du temps: peut-être aurait-il fallu les construire bien plus tôt dans la saison, pour qu'elles aient le temps de se tasser et présentent moins de danger pour les coureurs.
De retour chez nous, on passe un samedi au calme pour récupérer à la fois de la fatigue intense et de la tension nerveuse engrangées ces dernières semaines. On a les nerfs qui lâchent!
Mais on a promis à Anaëlle, notre fille aînée, d'aller assister à la course des dames Elites dimanche matin.
Du coup, nous voilà repartis pour Ploeuc dès 8h, pour aller encourager les bretonnes (Anaïs, qui sera finalement forfait à cause d'une blessure au genou 😓, Betty, Marine, Manue (qui remet ça 😮), la normande Séverine, et bien entendu Pauline Ferrand-Prévot!
On débarque alors que la course des cadettes, survolée par Pasquine Vandermouten, est en cours: très belles prestations des jeunes bretonnes Laurie Vézie 5ème, Morgane Morin 15ème et Anaëlle Even, 18ème après une superbe remontée.
10h15: c'est le départ pour les 40 dames Elites et Espoirs!
Il y a maintenant un monde fou et une ambiance survoltée sur le site de la côte des Halles, avec un point chaud au sommet du col des Fougères, très visuel!
Crédit Photo: Olivier Louarn
Nous ne sommes peut-être pas en montagne, mais le point de vue sur le circuit est fantastique! On peut apercevoir les coureurs à de multiples endroits, tout en admirant les trialistes.
C'est JY Conan qui ouvre les épreuves en moto, tandis que son fils Julien, vététiste émérite, les ferme en VAE.
Pauline est visiblement en forme: elle creuse un gros écart sur les autres favorites dont Sabrina Enaux qui terminera 2ème, suivie de Lucie Urruty peut-être moins attendue mais très forte aujourd'hui.
On encourage tout le monde: l'ayant vécu, on sait que c'est tellement dur que le soutien du public peut aider, quel que soit le niveau.
Très belle performance de Betty, qui termine 16ème et 10ème espoir dame!
Après un final en apothéose, on patiente sagement derrière le podium pour qu'Anaëlle puisse avoir un petit autographe de Pauline.
Nous y rencontrons même une autre légende, qui n'est autre que Seb Le Naour! 😊
Finalement, cela se fera près de son beau camping-car estampillé Canyon-Sram-Rafa...
Un joli moment, avec une grande championne!
Nous ne restons pas pour la course des Elites hommes (félicitations à Antoine Le Coq pour son énorme performance!), mais la dernière image que nous garderons de ce superbe championnat de France, sera celle de Jacky Le Port, croisé alors que nous quittions le site, en train de s'échauffer sur son Niner avant de courir avec les cadors: le sourire, l'allure décontractée avec le camelback sur le dos, pas de prise de tête, juste le plaisir d'être là et d'avoir même décroché une médaille de bronze en Masters: le VTT comme on l'aime! 💙
Voilà notre première partie de saison achevée, pour une trêve estivale bien méritée.
Un immense Merci:
- à Phil qui me supporte dans les bons comme dans les mauvais moments: quelle chance nous avons de partager la même passion!
- à Stéphane Gourmelon qui m'a si bien aidée à m'entraîner durant deux semaines compliquées suite à mon pépin physique.
- à Véloland Lannion (Eric Pommelet et Fred Le Marrec, experts Scott et supers coureurs!)
- à Asterion Wheels (Benoît Stupici) pour les roues de test Edition One qui sont phénoménales
- à nos familles respectives toujours là pour nous!