Nous étions les premiers surpris car elle s’entraîne peu et uniquement pour le plaisir de rouler avec les copains du club VTT de Pleumeur-Bodou.
Par contre, en compétition, elle a le couteau entre les dents! 😊
Quelques jours plus tard, nous partons Phil et moi pour l’Alpe d’Huez afin de participer au championnat de France de VTT XCO Masters. Toute la grande famille du VTT est réunie puisque les disciplines du XC Eliminator, du Trial et de la DH sont également en lice pour les titres nationaux.
Le mercredi en fin d’après-midi, nous faisons une première reco. Le circuit est ON/OFF: une montée et une descente.
La montée est ultra-longue, très roulante, avec des lacets qui serpentent jusqu’à une passerelle.
Dommage qu’il n’y ait aucune technique en côte.
La descente s’avère plus redoutable: c’est un enchaînement de blocs de cailloux, artificiels ou non, de quelques marches, d’une portion rocheuse trialisante (que je passe à pied), de virages relevés rapides, d’une dalle rocheuse pentue mais rectiligne et d’un saut (il me plait celui-là car il est presqu’à plat). La fin est assez ludique car on peut prendre pas mal de vitesse et se laisser décoller sur des petites rampes de lancement en bois: grisant…
Arrivés en bas, ce n’est pas terminé car il faut enchaîner sur un Rock Garden constitué de 4 blocs de cailloux.
Je ne passe pas hyper propre.
Malheureusement trop en confiance après mon 1er tour, je chute lourdement en ayant tenté une autre trajectoire sur la dalle, puis bêtement à la sortie du Rock Garden.
Mon genou gauche a pris cher et me lance fort.
Phil, Eric et Hervé me rassurent en me disant qu’il faut se reposer et que ça ira mieux demain…
Jeudi matin, nous revoilà sur le circuit. Tout se passe mieux pour moi même si je suis un peu gênée au pédalage par mon genou enflé, et par l’altitude dont l’effet commence à se faire ressentir: essoufflée très vite!
Phil a bien progressé sur le circuit. Il enchaîne bien fluide dans le Rock Garden!
On passe le reste de la journée à se détendre et se balader dans le coin: la station de l’Alpe d’Huez n’est pas des plus belles avec de massifs immeubles marrons qui viennent gâcher le paysage.
Il y a tout de même quelques jolis chalets et des endroits plus authentiques:
J’en profite aussi pour m’évader avec la lecture du livre de Guirec Soudée et de sa poule Monique, chargé d’émotions, d’humour, d’aventures incroyables, et donnant un magnifique exemple de mental à toute épreuve.
J’ai comme l’intuition qu’il m’en faudra pour la course…
Vendredi matin, je me réveille un peu angoissée. Je ne veux vraiment pas chuter.
Je positive au maximum tandis que Phil va rouler un peu.
11h30: nous sommes en ligne, seulement 9 inscrites pour 2 titres, prêtes à démarrer sous le signal d’Eric Davaine, l’extraordinaire speaker qui annonce le décompte…
C’est parti pour 4 tours de course!
Je me positionne 3ème dans la montée, derrière Karine la grimpeuse qui emmène le groupe et Stéphanie.
Les lacets s’enchaînent; seul le physique compte; c’est très roulant.
Je suis à cours de souffle dès 160 pulsations, même pas au seuil! Ce qui veut dire que je subis de plein fouet l’effet de l’altitude. Je sais que j’y suis sensible; il faudra faire avec…
Enfin arrivées au sommet, Karine a déjà pris plusieurs secondes d’avance. on traverse la passerelle qui surplombe le parcours de DH où les descendeurs soulèvent des nuages de poussière, avant d’attaquer notre descente parsemée de rochers. Je passe 2ème avant les virages relevés puis me fait doubler lors du portage où je peine d’ailleurs à reclipser mes pédales.
La suite se passe bien: la dalle rocheuse sans souci, puis le saut également; la fin est ludique avec de bonnes prises de vitesse et les petits sauts pour agrémenter le tout.
C’est au niveau du Rock Garden que je parviens à repasser 2ème puis j’accélère dans la montée qui mène à la ligne d’arrivée.
Le 2ème tour se déroule correctement, même si je manque terriblement d’oxygène dans la longue montée sinueuse. J’ai l’impression de rouler dans un faux rythme. En descente, je ne prends pas de risques. Je passe partout sur les trajectoires prévues.
Crédit photo: Virginie Vazeille
Le seul portage est la portion trialisante et à nouveau je loupe mes pédales.
Arrivée au Rock Garden, je sens que je tape la roue arrière sur un bloc. Je n’ai sans doute pas assez soulagé, le transfert de masse n’étant pas acquis pour moi.
Au 3ème tour, je gère dans la montée, revenant sur des masters, sachant que je ne pense pas rattraper Karine qui a 50 secondes d’avance. Je suis gênée par la moto ouvreuse qui double, puis s’arrête et repart… Je me demande bien à quoi elle sert sur les courses Masters…
Je commence à mieux me débrouiller dans la descente; j’encourage Eric, 1er Master, qui vient de me passer.
Au niveau du pierrier, j’entends à nouveau ma roue arrière taper! Ce n’est pas possible. Je m’en veux…
Je relance dans le faux-plat montant avec l’étrange sensation que l’arrière du vélo pompe un peu; la suspension peut-être… Je fais l’erreur de passer la zone technique où j’attrape au vol un Red Tonic Overstims, sans m’arrêter… Quelques mètres plus loin, en passant la ligne, le verdict est terrible: mon pneu est presque à plat!! 😵
Eric vient d’en finir, champion de France! Je lui crie que j’ai crevé, espérant qu’il puisse prévenir Phil mais dans tous les cas je ne peux plus changer de roue (ayant dépassé la zone de dépannage), à moins de réparer seule (mais je n’ai rien). L’autre choix est de bâcher. J’entends le speaker et Eric échanger sur le fait que c’est bien dommage, de perdre potentiellement le titre, etc…
Et là je me dis « non, rien n’est perdu; le vélo roule toujours, je continue… ».
La montée est un véritable calvaire: je dois soulager au maximum mon pneu qui a encore un peu d’air, tout en gérant le souffle et la roue qui chasse dans les virages.
L’air est plus frais par moment; j’en profite pour respirer; je me concentre. Ne rien lâcher.
Après avoir traversé la passerelle, je suis maintenant sur la jante; il va falloir courir.
Je descends une bonne partie à côté de mon vélo au travers des cailloux.
Dur dur d’être aussi lente avec le stress de me faire rattraper…
Stéphanie revient logiquement sur moi et me dépasse. Il me reste la grande dalle rocheuse, bien plus dangereuse à pied qu’à vélo tellement ça glisse! Je descends en crabe; j’ai évité le pire. 😱
Puis je cours, je cours, à côté de mon saut préféré, remonte sur le vélo pour la fin, ayant décidé de sacrifier ma jante… 😔
J’ai l’espoir de récupérer une roue à la zone technique mais Phil est déjà parti s'échauffer et personne ne peut m’aider.
Tant pis; je cours dans le Rock Garden et termine la course sur le vélo avec un horrible bruit de pneu déchiqueté, finalement 3ème au scratch, avec un titre en catégorie 30-44 (regroupement par manque de concurrentes), mais je ne savoure pas, épuisée par ce tour où seul le mental m’a guidée …
Je m’écroule par terre, la tête dans les genoux.
Est-ce que j’ai atteint mon objectif? Ou bien j’ai tout cassé? Je ne sais plus à cet instant précis…
Ce n’est que bien plus tard que je réalise que j’ai quand même réussi une belle course; je ne suis pas tombée, j’ai géré l’effort; il aurait manqué de prendre un peu plus de plaisir notamment dans le dernier tour.
Note pour moi-même: travailler le transfert de masse, encore et encore!
J’ai à peine le temps d’y penser car je dois faire l’assistance à Phil à présent.
Il est 13h15; ils sont partis!
En plein soleil, et n’ayant rien mangé je commence à me sentir mal et m’assois par terre.
Allez, je dois passer gels énergétiques et boisson à Phil, en espérant qu’il ne lui arrive pas pareille mésaventure…
Il pointe à la 10ème place en catégorie Master40-45, qu’il conservera jusqu’au bout: même s’il n’a pas joué les 1ers rôles (il faut savoir que les meilleurs sont également Elites!), qu’il a lui aussi souffert du déficit d’oxygène, il a bien roulé en descente et dans le Rock Garden.
14h30: c’est le protocole au soleil!
Je passe un moment sympa avec Karine qui a remporté le scratch, au top physiquement et qui a su assurer même à pied quand c’était trop technique. Comme quoi un bon physique reste la plupart du temps la règle d’or pour performer en VTT.
On s’étonne toutefois de la tournure que prennent les parcours de XC au niveau national notamment pour les masters: cela fait maintenant 4 ans que nous avons le même tracé que les Elites, mais le niveau devient si élevé techniquement, qu’on se met bien souvent en danger. On se demande si cela peut être la cause du manque de concurrentes féminines…
Avec Eric, le guerrier, toujours d’excellent conseil, qui a bien mérité ce nouveau maillot tricolore:
Bon rétablissement à Hervé qui s’est blessé à la main lors des recos.
Merci mille fois:
A Stéphane Gourmelon pour le coaching, la confiance mutuelle, les séances d’entraînement qui m’ont permis d’arriver en forme
A Arthur Quilliec qui nous a donné les clés pour progresser techniquement
A Eric et Fred, Véloland Lannion, pour leurs supers conseils et l’aide matérielle
A Tib (en pleine prépa de la Cape Epic 2020!) et Delphine de nous avoir accueillis pour couper la route
A nos clubs de vélo (Team Armorique), et de trail (Granit Running 22) pour Phil, qui nous ont encouragés à distance
A nos amis (le petit SMS de Coco peu avant le départ, chouette!), nos familles, et même les collègues de travail qui ont suivi le live! 😊