Après des semaines
d’entraînements et de courses, le point d’orgue de ma saison était le championnat du monde Master de cyclo-cross qui avait pris ses quartiers à Mol, en Belgique (et ce
pour 3 ans).
Jeudi 1er
décembre
Après un long périple
débuté la veille (ayant cette fois pu poser sereinement 2 jours de congés),
nous arrivons à Mol, et plus précisément sur la base de loisirs au doux nom de
ZilverMeer, composé d’une grande forêt, de plusieurs lacs et de plages sans
doute artificielles.
Je suis contente de
revenir en Belgique, où j’avais fait mon stage fin d’études chez Alcatel à
Anvers : malgré le côté peu attrayant de la ville, je m’étais beaucoup
plu, les flamands étant fort sympathiques.
Il fait assez froid et un
peu humide, avec un léger crachin type breton, de quoi ne pas nous dépayser.
Je m’étais renseignée sur
le circuit avant de venir et en ayant vu sur des vidéos Sven Nys serpenter de
toute sa puissance dans le sable, je savais que ce serait plutôt spécial, et j’avais
même réalisé quelques entraînements sur la plage sans pour autant mesurer
l’importance de la course à pied.
Le site est relativement original avec des gigantesques jeux de plein air, des lacs, des sous-bois et
des « plages », le tout encadré par les fameuses baraques à
frites ! :-)
On passe donc une bonne
heure à découvrir ce circuit pour le moins atypique : il n’y a pas qu’un
peu de sable, il y en a partout !
Même des buttes entières
sont ensablées (on se demande comment il est arrivé là !).
La première partie
« vélo » est plutôt aseptisée avec du bitume tout plat, quelques
buttes en terre avec un escalier avant d’attaquer les hostilités : la
traversée du sable !
On s’enfonce tellement
que c’est quasiment impossible de traverser à vélo.
Je fais plusieurs
tentatives notamment en faux-plat descendant : cela passe mais le cardio
en prend en coup et la question se pose si on ne va pas plus vite en courant.
Ici Phil en action:
On traverse ensuite la
plage sur une partie plus compacte (donc sur le vélo) avant d’en ressortir
cette fois à pied avec une grosse poutre à sauter.
Il y a ensuite une
nouvelle série de buttes en terre mais où seules les descentes passent à vélo,
les montées étant raides, glissantes et défoncées !
On arrive ensuite sur le
clou du spectacle : une énorme butte de sable qu’il faut gravir vélo sur
le dos, avant de tenter la descente à vélo (toujours dans le sable et sans
élan), ou pas…
Imaginer Mathieu Van Der
Poal passer cette montagne de sable à vélo 2 jours plus tard, me semble
totalement inhumain! :-)
On ré-enchaîne sur le
vélo pour une portion plate puis c’est le parcours du combattant :
traversée entière de la plage sur du sable profond !
Je le fais en marchant
mais je n’ose imaginer l’effort que cela représente en courant.
La fin peut se faire à
vélo mais on n’y gagne rien.
On reprend sur du chemin
lisse à vélo, entrecoupé de bitume et d’un escalier à grimper, avant de
rejoindre la ligne droite de l’arrivée.
Je suis décontenancée par
ce parcours : la partie vélo est insipide, et les portions à pied sont
redoutables !
Cela me fait penser au
France de janvier dernier à Besançon, où la boue avait transformé le circuit en
trail.
Dommage que Phil ne
participe pas, car avec ses talents de coureur à pied, il pourrait tirer son
épingle du jeu.
De mon côté j’ai bien
peur que cela ne me convienne pas, d’autant que je n’ai pas couru une seule
fois mis à part sur les portages de quelques secondes.
Je n’aime pas la course à
pied principalement parce qu’à cause d’une mauvaise technique, je déclenche des
inflammations du tendon fascia-latta (face externe du genou) au bout d’une
vingtaine de minutes.
Petite rencontre avec
Stéphane Loizeau, le champion breton des masters 50 : je suis tout à fait
de son avis quand il dit que ce circuit est d’un niveau Elite, car seuls les
pros peuvent traverser à vélo de telles portions de sable.
Pour nous, pauvres
amateurs, ce sera, malheureusement pour ceux qui n’aiment pas courir, 1km de
portage par tour !
C’est sur ce constat
qu’on retourne au camping-car pour une soirée tranquille après avoir sympathisé
avec des normands rigolos devant nous.
Vendredi 2 décembre
Durant la matinée, le
parking se remplit de toute part : il y a une grande quantité de nations
représentées même d’outre-Atlantique; ce sera un beau championnat !
Les femmes de plus de 50
ans et les hommes 60 ans et plus débutent les épreuves à 13h.
Pour moi, c’est
échauffement sur le home-trainer.
Il commence à pleuvoir un
peu.
13h40 : il est temps
d’y aller.
On se retrouve avec les
françaises : Alna Burato, Karine Temporelli et Pauline Sabin-Teyssedre
(toutes 3 championnes de France dans leurs catégories).
Un peu de bavardage avant
la mise en grille fait du bien pour faire tomber la pression !
Nos vélos sont inspectés
(largeur des pneus, détection de moteur).
Nous sommes une trentaine
dont 13 dans ma catégorie.
Au tirage au sort je suis
placée en 1ère ligne entre une italienne et une américaine.
La pluie tombe un peu
mais légère ; il règne une atmosphère curieuse : il fait déjà sombre
et calme.
On ne retrouve pas
l’ambiance des cyclo-cross belges qu’on peut voir d’habitude notamment parce
qu’on est un vendredi et que ce n’est pas une épreuve élite.
14h : c’est le
départ, que je ne loupe pas, me plaçant environ 5ème.
Alna ne tarde pas à
prendre la tête. Karine me dépasse peu après et je parviens à la suivre jusqu’à
la première traversée de sable où cela se gâte : je perds déjà quelques
secondes sur cette portion. Je perds 2 places sur la suivante ; dur dur…
La traversée complète de
la plage me lamine les jambes ; je n’ai jamais eu de telles
sensations ! Mes muscles sont tétanisés lorsque je remonte sur le vélo et
je mets plusieurs secondes à retrouver de la vélocité.
Crédit photo: Christophe Trochon
Les escaliers qui suivent
peu après me semblent faciles à côté.
Mon vélo S1NEO est
excellent, très réactif sur ce terrain roulant et suffisamment léger pour les
portages.
Je finis mon premier tour
en relançant sur le bitume quand je me fais surprendre sur la droite par 3
concurrentes à bloc comme sur une course sur route !
Je prends immédiatement
la roue et récupère une place.
Pour la suite ce sera la
bataille : une allemande et une britannique me collent au train ;
elles courent plus vite que moi dans le sable où elles me dépassent ;
je ne récupère que sur le vélo où dans les buttes raides (c’est le seul endroit
où je cours mieux).
L’allemande me met la
pression, d’autant qu’elle pousse des cris gutturaux dans chaque descente de
butte, limite elle fait peur ! :-)
Phil m’encourage tout ce
qu’il peut depuis la zone de dépannage qui se trouve entre les 2 traversées de
plage, mais pour moi c’est l’enfer : courir dans ces tranchées de sable
avec le vélo dont le pédalier me tape dans le dos à chaque foulée, c’est
vraiment tout sauf une partie de plaisir !
Très essoufflée, j’ai de
plus en plus de mal à remonter proprement sur le vélo, ne sentant plus mes
pieds ni mes chevilles, comme si j’avais 2 bouts de bois à la place des jambes.
Au 3ème tour, je trébuche dans le sable en reposant le vélo au sol et prend un violent coup dans le genou droit. La lucidité commence à me manquer.
Au 3ème tour, je trébuche dans le sable en reposant le vélo au sol et prend un violent coup dans le genou droit. La lucidité commence à me manquer.
Mais les spectateurs
présents sont au top : ils encouragent tout le monde avec leurs
« go ! » et leurs « hop, hop hop » ; cela me
redonne de l’énergie pour terminer même dans un état second.
Je sauve de justesse la 5ème
place dans ma catégorie remportée par Karine qui a fait une brillante remontée.
Alna gagne le scratch avec une belle avance ; et Pauline, adepte de course
à pied, est également championne du monde en 35-39 ans : bravo à
elles !
Je fais une petite récup’
sur le home-trainer après la course : j’ai les jambes tellement dures que
je n’arrive pas à tourner à plus 85 tr/mn, là où je fais du 105
habituellement !
Voilà donc ce championnat
terminé pour moi avec un sentiment mitigé : d’une part, je pense que
j’étais prête physiquement et mentalement; j’ai tout donné, j’ai suivi le
programme d’entraînement à la lettre ; sur le vélo j’avais de bonnes
sensations les jours précédents.
D’autre part je ne
pouvais pas performer sur un tel circuit parce que je n’ai aucune facilité ni
préparation en course à pied et que mes jambes n’étaient pas en mesure de le
supporter (j’ai eu des courbatures pendant 2 jours ensuite :-) ).
Le point positif, c’est
que je sais maintenant ce qu’il me faudra travailler pour espérer gagner des
minutes si je reviens là-bas, et que généralement, en course à pied, on ne peut
que progresser surtout avec Phil qui connaît les bonnes techniques. Et chez
nous, ce ne sont pas les plages qui manquent !
Quand on ne gagne pas, ou
qu’on n’atteint pas son objectif, cela donne de nouvelles perspectives, de
nouveaux défis à relever, et je n’y manquerai pas en 2017.
Un grand merci tout de
même :
-
à Phil qui
m’a supportée depuis le début de la saison et accompagnée jusqu’en Belgique
-
à Stéphane
Gourmelon qui me fait tant aimer l’entraînement même les plus durs, et
qui m’a aidée à ne rien lâcher mentalement : toujours les mots
justes ; c’est aussi à cela qu’on reconnaît la grande qualité d’un coach
-
à nos
familles, très impliquées pour nous aider
Ci-dessous une vidéo des Elites à l’oeuvre sur cet incroyable
circuit !
https://www.youtube.com/watch?v=qiwcDW_xxc4
Bravo Elodie !
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