On a traversé le Luxembourg puis les Ardennes où la neige était bien tombée aussi, avant d’arriver en région flamande à Mol mercredi soir, sur les lieux du Mondial Masters de cyclo-cross.
On n’a pas pu se garer devant la base de loisirs de Zilvermeer comme l’année dernière, à cause du plan Vigipirate.
Un organisateur, très sympa, nous a gentiment aiguillés vers le camping attenant au circuit de l’autre côté.
On s’est donc installés dans la nuit, sur un emplacement boisé.
Le lendemain, on a découvert un site plutôt sympa: le camping est immense, seulement rempli par les camping-cars des coureurs de toute nationalité.
A côté de nous, on a des autrichiens qui ont dressé leur drapeau.
Un peu plus loin, une colonie d’allemands s’affaire… (quelle jolie langue! 😊).
Avantage; on a l’eau, l’électricité et un Wifi au top.
Après le tour du propriétaire, on a va faire la reco du redoutable et très atypique circuit composé à 50 % de sable et pas du solide!
Certaines portions ont été un peu damées par le passage de quads, du coup ça passe sur le vélo. Le reste, c’est portage, vélo sur le dos.
Ce n’est pas du tout un circuit à ma convenance: plat, bitume, sable, 1/3 de portage… J’ai encore dans la tête la souffrance de l’année dernière.
Mais j’ai tenu à revenir par défi: pour me prouver que je pouvais faire mieux et surtout avoir de meilleures sensations.
Pour cela, j’ai repris à zéro la course à pied il y a un an: à tout décomposer la foulée, courir lentement, réapprendre le geste…
J’ai gagné presque 1mn au kilomètre au fil des mois.
Tous les mercredi depuis septembre, j’ai consacré mes après-midi à travailler la technique dans le sable et aux portages sur les plages près de chez moi.
Comme m’a dit Philippe, ce ne sera peut-être pas suffisant pour monter sur la boîte, mais au moins je serai préparée…
Donc cette reco se déroule de manière beaucoup plus sereine: on repère bien tous les passages à pied et quand il va falloir descendre de vélo pour perdre le moins de vitesse possible.
Le soir, je suis donc dans un état d’esprit positif: physiquement et mentalement je suis prête.
Vendredi, c’est le « race day »: il fait très froid (0°C).
Dès le matin, je fais 30 mn de home-trainer pour monter en température.
Le temps passe vite, mine de rien.
Les compétitions ont démarré à 13h avec les catégories de plus de 50 ans. Quel courage ils ont! Certains ont plus de 70 ans et toujours sur le vélo!
13h45: après l’échauffement, je retrouve ma copine Manuella pour la mise en grille. D’autres françaises ont fait le déplacement également.
Il y a du retard; on a le temps de bien refroidir…😨
J’ai choisi de courir en court, tartinée de crème chauffante, mais des jambières n’auraient pas été un luxe.
Je suis en 2ème ligne de ma catégorie, où nous sommes 12 dont des sacrées pointures avec l’allemande championne d’Europe master, la championne d’Angleterre master 40, d’autres qui ont couru en coupe du monde il y a quelques années…
Bref, les filles ne sont pas là pour faire du tourisme.
Chaque catégorie démarre avec 15 secondes de décalage.
Je suis bouchonnée dès le 1er virage. Impossible de passer; je dois attendre l’escalier pour reprendre une place puis que ça s’élargisse un peu.
Photo: Agnès Sprutta
Ensuite, on ne fait que descendre et remonter sur le vélo.
Comme dit Manue, c’est un Run & Bike!
La butte ensablée est le pire passage: le lactique me brûle les jambes (manque de chaleur aussi je pense). Dans la descente, j’allonge la foulée comme m’a conseillé Philippe. Puis retour sur le vélo pour quelques secondes et re-traversée du sable.
Là c’est tout au mental: "plaque ton vélo, cours, cours, cours, utilise ton bras gauche, lève la tête, regarde devant, respire…" J’entends les encouragements de Phil sur bord de la zone de dépannage.
Je me bats de toutes mes forces pour la 3ème place. J’entends les 2 filles derrière moi qui courent plus vite. On est hyper essoufflées. Sur la route, l’allemande passe devant: elle est assurément plus puissante et comme c’est tout plat, impossible pour moi de prendre l’avantage.
On grimpe l’escalier, retour sur le vélo, puis passage devant le podium sur le bitume.
Ça roule comme sur la route; je me rends compte qu’il m’aurait fallu un plateau plus grand.
On est toujours 3 pour la place de 3. Ça va être compliqué. Je n’arrive pas à trouver de faille chez mes concurrentes. L’allemande finit par me lâcher à vélo et la slovaque m’attaque sur la course à pied. Dur!
Je suis à fond, impossible de faire mieux. Au loin j’entends que Manuella est en tête dans la catégorie des 30-34 ans: génial!
Cela ne m’étonne pas car elle a de vraies aptitudes pour alterner vélo et course à pied.
Au 4ème et dernier tour, je sais que ce sera compliqué de revenir même si l’allemande championne d’Europe est en train de rétrograder devant.
Je commence à perdre de la lucidité, un peu en vrac dans les débuts de portage. J’ai quand même de bien meilleures sensations que l’année dernière: les jambes répondent, rien à voir!
En approche de la fin, le speaker annonce « Manuella Glon, tu es championne du moooooooonde! » 😀
Je passe la ligne quelques temps après, à la 5ème place de ma catégorie, comme en 2016, mais tellement plus heureuse de ce que j’ai accompli: 1mn en moins, plus rapide, sans avoir subi, avec de bonnes sensations. Même je n’aime pas ce type de parcours, préférant toujours pédaler que courir, les grimpettes que le plat, j’ai relevé mon défi de revenir sur cette épreuve qui m’avait fait tant de mal l’année dernière. Que du positif!
A 16h, on se dépêche d’aller assister au podium de Manuella venue avec ses parents et sa petite Julie qui ne réalise pas trop ce que vient de réussir sa maman!
On a beaucoup de frissons à écouter la Marseillaise tandis que Manue est parée du maillot arc-en-ciel: c’est magique!
C’est sur cette belle image que nous rentrons au campement.
Demain c’est la course de Philippe…
Samedi, on se lève dans une sorte de brouillard gelé: on est en négatif et l’humidité pénètre de partout. Brrrrrr….
Je vais faire une petite récup sur la base de loisirs mais en plusieurs fois car je ne supporte pas le froid au niveau des mains malgré 2 paires de gants.
12h: c’est le départ pour Phil; il est bien couvert cette fois, et ils sont plus de 80 partants!
Je cours me placer dans la « Pit area » avec mon vélo. Il fait un froid polaire, d’autant qu’on prend les vapeurs humides du Karsher à côté.
Phil est environ 50ème. Le petit espagnol qui est en tête est impressionnant d’efficacité: pas un super style mais quelle rapidité!
Tout le monde encourage dans toutes les langues: c’est un peu fou comme ambiance!
Philippe arbore une belle allure en course à pied et c’est là qu’il reprend des places.
Etant parti assez loin sur la grille de départ, c’est sûr qu’il n’ira pas jouer le top-10 mais ça me fait plaisir de voir qu’il se débrouille très bien et ne subit pas le froid.
Il termine finalement vers la 45ème place, satisfait lui aussi de sa course.
A noter que l’UCI change le règlement l’année prochaine: la catégorie 30-34 disparaît, et les concurrents ayant maximum 100 points UCI seront autorisés à participer. Autant dire que le niveau va être encore plus relevé!
Nous rentrons maintenant en Bretagne après ces 10 jours de déplacement, vacances un peu particulières il faut le dire, mais que nous n’oublierons pas!
Un grand merci:
- à nos familles qui ont géré nos filles pendant ce temps
- à Stéphane Gourmelon pour le coaching hors-pair
- à S1NEO: le CX02 a encore fait parlé de lui dans le paddock tellement il est beau!
- à Véloland Lannion, notre vélociste: les Cannondale ont aussi marché au top
- à Asterion Wheels pour les roues qui ont traversé le sable sans broncher
- à Coralie et David pour le régime franc-comtois pré-compétition et la découverte de leur belle région!